Nucléaire: des déchets mal maîtrisés
NOUVELOBS.COM | 13.10.2009 | 16:28
L’enquête diffusée ce mardi soir sur Arte, Déchets: le cauchemar du nucléaire, s’attaque au discours officiel de l’industrie nucléaire sur le recyclage de ses déchets. Certaines révélations du film ont déjà conduit la secrétaire d'Etat à l'Ecologie Chantal Jouanno à souhaiter une enquête au sein d'EDF.
Voici un film qui devrait être diffusé à tous nos politiques et serviteurs de l’Etat, qui ne maîtrisent guère apparemment la question de l’énergie nucléaire -chasse gardée des ingénieurs du corps des Mines- et encore moins ses chiffres ! Depuis que la crise climatique se précise, le nucléaire est volontiers présenté comme la solution propre, sûre et inépuisable, notamment par Anne Lauvergeon, patronne d’Areva. Il serait même recyclable à 96%, selon le site internet du consortium.
L’enquête menée par Laure Noualhat, journaliste à Libération, et le réalisateur Eric Guéret avec le concours de la Criirad, Commission de Recherche et d'Information Indépendantes sur la Radioactivité, déconstruit cette arithmétique du nucléaire.
Elle montre que le retraitement des combustibles nucléaires opéré à l’usine de la Hague est relativement peu efficace, produit son lot de substances radioactives qui sont ensuite acheminées, par voie de chemin de fer, en Russie. Jusqu’en Sibérie, à Tomsk-7, plus précisément où une toute petite partie d’entre elles seront enrichies, tandis que le reste sera stocké à ciel ouvert dans des piscines. Sur place, les élus de la Douma pestent d’ailleurs devant le manque de transparence de cette industrie. Et au final, si les matières du nucléaire français sont recyclables à 96%... seules 2,5% d’entre elles seraient effectivement recyclées!
«Du coup, cela pose une question stratégique, indique laure Noualhat: si ces matières sont valorisables, alors pourquoi les abandonner aux Russes? A quoi sert le retraitement (abandonné par de nombreux autres pays) au final? Quel est son véritable bilan?». A la suite de ces révélations, publiées en avant-première lundi dans Libération, la secrétaire d'Etat à l'Ecologie Chantal Jouanno s’est dite «favorable» à une enquête au sein d'EDF.
«Que Mme Jouanno réclame une enquête est édifiant à plus d'un titre, poursuit Laure Noualhat. Elle expliquait mardi matin qu'elle attendait toujours des explications et des confirmations sur le sujet. Elle n'est donc pas au courant comme l’avouait sa prédécesseure Corinne Lepage? Les ministres de l'environnement n'ont pas la main sur le dossier nucléaire. Ce qui pose question!» Vous avez dit «transparence»? Une enquête -publique et parlementaire, pas seulement interne à EDF- semble pertinente et urgente.
La question du retraitement n’est que l’un des aspects de ce film éclairant qui nous entraîne aux Etats-Unis, à Hanford, berceau du nucléaire militaire où naquit la bombe, toujours fortement pollué. Mais aussi à Muslimovo en Russie, où depuis un gigantesque accident moins connu que Tchernobyl survenu il y a 50 ans, des populations vivent toujours dans une poubelle radioactive à ciel ouvert. Devant la caméra, des officiels russes finissent par avouer qu’ils ont, sous la main, une cohorte de cobayes sur laquelle ils mesurent à long terme les effets de la radioactivité.
Dernière question: la France a choisi d’enfouir ses déchets ultimes, à très très longue vie, solution qu’elle teste dans le laboratoire souterrain de Bure, dans la Meuse. Comment signalera-t-elle de tels dépôts de déchets aux générations futures? Notre legs radioactif les concerne pour plusieurs dizaines de millénaires.
Rachel Mulot
Sciences-et-Avenir.com
13/10/09
Déchets, le cauchemar du nucléaire, le 13 octobre 2009 à 20h45 sur ARTE. Projeté dans le cadre du festival Pariscience. Egalement disponible en DVD.
L’enquête menée par Laure Noualhat, journaliste à Libération, et le réalisateur Eric Guéret avec le concours de la Criirad, Commission de Recherche et d'Information Indépendantes sur la Radioactivité, déconstruit cette arithmétique du nucléaire.
Elle montre que le retraitement des combustibles nucléaires opéré à l’usine de la Hague est relativement peu efficace, produit son lot de substances radioactives qui sont ensuite acheminées, par voie de chemin de fer, en Russie. Jusqu’en Sibérie, à Tomsk-7, plus précisément où une toute petite partie d’entre elles seront enrichies, tandis que le reste sera stocké à ciel ouvert dans des piscines. Sur place, les élus de la Douma pestent d’ailleurs devant le manque de transparence de cette industrie. Et au final, si les matières du nucléaire français sont recyclables à 96%... seules 2,5% d’entre elles seraient effectivement recyclées!
«Du coup, cela pose une question stratégique, indique laure Noualhat: si ces matières sont valorisables, alors pourquoi les abandonner aux Russes? A quoi sert le retraitement (abandonné par de nombreux autres pays) au final? Quel est son véritable bilan?». A la suite de ces révélations, publiées en avant-première lundi dans Libération, la secrétaire d'Etat à l'Ecologie Chantal Jouanno s’est dite «favorable» à une enquête au sein d'EDF.
«Que Mme Jouanno réclame une enquête est édifiant à plus d'un titre, poursuit Laure Noualhat. Elle expliquait mardi matin qu'elle attendait toujours des explications et des confirmations sur le sujet. Elle n'est donc pas au courant comme l’avouait sa prédécesseure Corinne Lepage? Les ministres de l'environnement n'ont pas la main sur le dossier nucléaire. Ce qui pose question!» Vous avez dit «transparence»? Une enquête -publique et parlementaire, pas seulement interne à EDF- semble pertinente et urgente.
La question du retraitement n’est que l’un des aspects de ce film éclairant qui nous entraîne aux Etats-Unis, à Hanford, berceau du nucléaire militaire où naquit la bombe, toujours fortement pollué. Mais aussi à Muslimovo en Russie, où depuis un gigantesque accident moins connu que Tchernobyl survenu il y a 50 ans, des populations vivent toujours dans une poubelle radioactive à ciel ouvert. Devant la caméra, des officiels russes finissent par avouer qu’ils ont, sous la main, une cohorte de cobayes sur laquelle ils mesurent à long terme les effets de la radioactivité.
Dernière question: la France a choisi d’enfouir ses déchets ultimes, à très très longue vie, solution qu’elle teste dans le laboratoire souterrain de Bure, dans la Meuse. Comment signalera-t-elle de tels dépôts de déchets aux générations futures? Notre legs radioactif les concerne pour plusieurs dizaines de millénaires.
Rachel Mulot
Sciences-et-Avenir.com
13/10/09
Déchets, le cauchemar du nucléaire, le 13 octobre 2009 à 20h45 sur ARTE. Projeté dans le cadre du festival Pariscience. Egalement disponible en DVD.
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