Les médias français n’en parlent presque plus et pourtant, les conséquences de la catastrophe nucléaire de Fukushima Daiichi s’aggravent de jour en jour. L'opérateur japonais Tepco, en charge de la centrale nucléaire de Fukushima, a déclaré le 12 mai que le combustible nucléaire des réacteurs 1, 2 et 3 avait vraisemblablement fondu, faute d'avoir été immergé dans l'eau durant plusieurs heures après la catastrophe du 11 mars.
D’après ces déclarations, qui ont fait suite à de nouvelles mesures effectuées sur le site, le phénomène se serait produit après que le refroidissement du réacteur a été coupé par le tsunami. Les barres de combustible, totalement ou partiellement fondues, auraient suinté vers le fond de la cuve. Cette dernière n’aurait pas résisté et se serait alors fissurée.
"Un pic de cancers dans les années à venir"
L’irradiation quotidienne et permanente émanant des réacteurs de Fukushima va inexorablement contaminer les sols japonais et surtout, remonter dans la chaîne alimentaire via les produits de la mer, consommés massivement par la population nippone. "Il est évident qu'un pic de cancers va se déclencher dans les années à venir dans la région autour de Fukushima", explique Stéphane Lhomme, le président de l'Observatoire du nucléaire.
Selon Sophia Majnoni, chargée de campagne nucléaire pour Greenpeace France, l’ampleur de la catastrophe était pourtant prévisible. "Il était évident que les cœurs avaient fondu après être restés plusieurs heures sans être refroidis. Tepco n’a simplement pas voulu dire la vérité en étant sous les feux des médias", explique-t-elle. "J’hésite entre les mots ‘malhonnêteté’ et ‘incompétence’ à leur égard".
"Des délais qui n’ont aucun sens"
De son côté, Tepco se veut le plus rassurant possible. Aucun changement n’est prévu dans leur calendrier de sortie de crise présenté le 24 avril. "Nos objectifs ne changent pas", a assuré Sakae Muto, le directeur général adjoint de Tepco lors d’une conférence de presse, la semaine dernière.
Les travaux mis en place par l’opérateur se poursuivent donc comme prévu et Tepco continue de tabler sur la réduction des fuites radioactives d’ici à juillet et sur une stabilisation de la température des réacteurs d’ici à janvier 2012.
Un avis contredit par Harry Bernas. Pour lui, "ces délais n’ont aucun sens (…), les réacteurs numéro 1 et 2 sont de véritables passoires. L'eau de refroidissement les traverse. Plus de cent cinquante mille tonnes de cette eau devenue très radioactive devra être évacuée et traitée rapidement. La situation reste instable. Au total, il faudra plusieurs décennies avant de mettre un terme à cette catastrophe", conclut-il.
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